Je dois bien vous avouer que je ne suis pas un amateur de Gundam. Je ne suis pas un novice total en la matière (encore que), mais on va dire que je n'ai pas vraiment eu de chance avec cette licence.

J'ai subi un joli petit traumatisme en étant plus ou moins forcé à regarder l'intégralité de Mobile Suit Gundam Seed. Série que j'ai donc fini par détester au plus haut point, et que je déteste toujours, parce que quoi qu'on en dise ça ne vole quand même pas bien haut. Deux épsiodes de Mobile Suit Gundam Seed Destiny et quelques autres de Mobile Suit Gundam Wing ont fini de m'achever, et je n'ai donc plus touché à la saga pendant près de 8 ans.
Depuis mon leitmotiv à ce sujet était le bon vieux Macross c'est mieux que Gundam, qui m'a d'ailleurs valu de nombreux moments de lulz intense.

Mais cela ne m’empêche pas de rester curieux et un minimum ouvert au sujet de la saga quand on m'en donne l'occasion, par des explications simples, claires et complètes.
Parmi les innombrables titres de la saga , difficile pour un novice de ne pas se perdre. UC, pas UC, Films ou série originale, OAV par ci par là, c'est une véritable jungle. Néanmoins en écoutant un peu, on finit par dégager quelques petites séries potentiellement accessibles et intéressantes même pour un non connaisseur.

Mobile Suit Gundam 0080 War in the Pocket est de celles-là.
Et c'est donc mon avis de sale Macrossfag que vous allez vous taper dans la suite. Mais n'ayez pas peur, ça ne fera pas mal. Enfin pas trop.

Mobile Suit Gundam 0080

Premier contact

Mobile Suit Gundam 0080 est une série de 6 OAV sortis en 1989 et dont le charadesign est fait par Haruhiko Mikimoto, un type qui avait déjà officié sur des trucs pas terrible et sans grand intérêt comme le film Macross Ai oboete imasu ka ou les OAV Top wo nerae! Gunbuster. Déjà ca file pas envie... Le design de Mikimoto ça a quand même de la gueule

L'histoire se passe durant l'année 79 de l'Universal Century, sur une colonie spatiale en marge de la guerre qui oppose la Fédération Terrestre et le Duché de Zeon. C'est cool. Sauf que perso je n'avais aucune idée de ce que tout ça voulait dire. Et si vous non plus, je vous rassure : c'est vraiment pas grave. Du tout.

Si par contre vous êtes friand de petits détails sur le sujet et sur le contexte, je suis sûr que certains de mes camarades se feront un plaisir de vous resituer tout ça bien mieux que je ne le ferai jamais. En temps qu'extérieur au lobby Gundam je ne chercherai pas l'exactitude sur ce plan et vais plutôt m'attarder sur ce qui peut être intéressant pour des gens qui n'ont aucune connaissance du sujet.


En gros 0080 commence par une escouade de types que le novice de l'UC que je suis identifiera plus tard comme étant dans le camp de Zeon, qui attaquent une base de la Fédération visiblement située dans une région polaire. Ils doivent atteindre une cargaison avant qu'elle ne soit envoyée dans l'espace intersidéraaaal. Manque de bol, ils échouent lamentablement, essuyant de dramatiques pertes au passage.
Ils sont donc contraints d'aller chercher ladite cargaison dans l'espace, et plus précisément dans la colonie dont il est question plus haut (car oui c'est là qu'elle a été envoyée).

Cette colonie spatiale, c'est celle dans laquelle se trouve Alfred, un gamin standard d'une dizaine d'années qui y vit avec ses parents à côté de sa jolie voisine Christina, et qui comme tout ses copains ne rêve que de robots géants qui se frittent. Particulièrement fan des robots de Zeon, il sera aux anges quand il rencontrera Bernard dit Bernie, le bleu de l'escadron infiltré dans la colonie. Ne sachant pas vraiment discerner alliés et ennemis, Alfred aidera par la suite les pilotes de Zeon venus détruire la fameuse cargaison présente sur son sol.

Alfred est tout fier de son casque

Jouons à la guéguerre

La guerre vue par les yeux d'un enfant, voila le premier thème apparent dans Gundam 0080.

Bernie et Alfred en plein débat sur le port de caméra numérique en milieu hostile

Alfred est un gamin, un vrai, celui qui n'en fait qu'à sa tête et est à mille lieues de comprendre les enjeux de cette guerre. Lui, ce qu'il voit c'est qu'il côtoie des types qui pilotent des robots géants. Et ça, c'est trop la classe. Ses copains d'école seraient trop jaloux de lui s'ils savaient.

Sauf que petit à petit il va se rendre compte que tout n'est pas si rose, et que la guerre n'a rien d'un jeu amusant.
Car non, 0080 n'est pas tendre avec ses protagonistes.

Hey ouais gamin la guerre c'est pas juste des trucs qui pètent et qui font joli Le truc dans lequel il s'est embarqué n'est pas franchement une promenade de santé, même s'il s'agit "juste" de petits évènements localisés dans la colonie. S'il ne perçoit pas les conséquences de ses actions en les faisant, une fois que celles-ci lui tombent sur la tronche, ça lui fait comme un drôle de choc.

Les enfants malmenés par la guerre, et la perte d'innocence progressive qui en résulte s'avèrent donc très bien traités dans ces OAV. Quand on réfléchit un peu, on se dit que n'importe lequel des camarades de classe de Alfred aurait tout aussi bien pu se retrouver à sa place sans que cela ne fasse la moindre différence.

Al, Bernie et Chris

Ce gamin n'est qu'un gamin comme les autres, mais après ces évènements, il ne sera plus jamais le même. La scène finale à elle seule en dit long à ce sujet, et risque fort de vous marquer durablement.


Un gundam... sans gundam ?

Une des particularités de War in the Pocket est d'avoir très peu de réels combats de robots. Ici ce n'est pas vraiment ce qui nous intéresse. On n'est pas là pour rêver de grosse mécanique.
Exit donc les bishonen aux pouvoirs psychiques qui font des trucs de fou dans des monstres de technologie complètement déconnés.

On suit des êtres humains. Des mecs qui sont en planque en territoire ennemi, qui font des coups discrets, en évitant de faire des grosses explosions qui pourraient attirer l'attention sur eux. Cette approche nous fait d'autant plus nous intéresser aux personnages, au détriment peut-être d'une compréhension plus globale du conflit qui se joue sous nos yeux. Qu'importe ; l'intérêt n'est pas vraiment là non plus.

Le fait de s'attacher ainsi à l'humain plus qu'à tout autre chose rend aussi de fait cette série bien plus accessible à n'importe quel spectateur lambda ou non initié.
Le fameux et sur-usité "J'aime pas les mecha" ne sera donc ici pas une excuse, qu'on se le dise.

L'est un peu trouée, ta poche.

La guerre, c'est dans la poche ?

Car l'autre grand véritable sujet de 0080 c'est la dureté et la futilité de la guerre. Les personnages, qu'ils soient dans un camp ou dans l'autre, sont des pions de base, des soldats qui exécutent des ordres et qui n'ont aucun pouvoir dessus. S'ils se rendent bien compte de ce qu'ils font et de ce qui se passe, leur réelle influence sur les évènements est ridicule. Rien n'est facile, et pour changer sensiblement le cours de la guerre il leur faut faire des efforts difficiles voire insurmontables. Et même lorsqu'ils arrivent à les faire, toute l'importance de leurs actions leur est refusée.

Bernie

Au final, tout ce qu'ils font ou ont fait n'a servi à rien. Qu'il le fassent ou pas, cela n'aura aucune incidence sur le cours des évènement. Ils finissent par s’entre-tuer bêtement pour un problème dont les réels ressorts leur sont totalement inaccessibles.

Aussi insignifiant soit-il, ce petit conflit est une "sale guerre", qui échappe complètement à ceux qui la font, qui n'épargne personne et qui n'a aucune utilité si ce n'est de répandre la mort et la tristesse dans leurs rangs respectifs.

Et le moins qu'on puisse dire c'est que la série ne prend pas de gant pour nous délivrer son message. 0080 nous assène en pleine face ce triste constat : il n'y a pas de guerre propre, utile ou nécessaire ; chaque conflit, quelle que soit son importance, n'est qu'un grand gâchis vide de sens.

Un message surprenant dans une saga qui, de ce que je pouvais en voir, passe quand même pas mal de temps à se passionner pour des batailles et des stratégie à grande échelle.
Mais tout ça le fait en réalité d'autant mieux ressortir.

Si vous n'avez pas vu la main du Zaku, j'ai une mauvaise nouvelle...

Ce Mobile Suit Gundam 0080 War in the pocket aura été celui qu'il me fallait pour enfin me réconcilier avec cette prestigieuse saga.
Prenante, cohérente, intelligente et très bien construite, cette petite série d'OAV peut parler à tous, sans distinction, pour peu que vous fassiez l'effort de vous lancer dans son visionnage.
Je savais qu'elle était très bien considéré, mais je ne pensais pas assister à un tel spectacle.



Tout ça renforce encore un peu mieux ma compréhension de l'attachement que certains otaques francophones portent au format OAV (Les vrais OAV, hein, pas ceux qui sortent en one-shot pour faire du fanservice sans queue ni tête.) et me donne enfin envie de creuser un peu l'univers Gundam.

Merci à Nyo, Tetho, Segfault et toute la bande pour m'avoir fourni le petit coup de pouce nécessaire pour m'y remettre...

Et joyeux noël à tous !



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La guerre est un jeu d’enfant - FFenril
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Le robot, le rêve - Segfault
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(Ce billet est bien entendu fortement susceptible d'être édité )