Alors intrigué, j'entrouvre l'ouvrage de mes deux doigts et entreprend de regarder ce qu'il y a à l'intérieur malgré l'emballage plastique récalcitrant. Et là je tombe sur non pas une, mais deux images qui m'annoncent la couleur. "Attention loli + NSFW". Connaissant l'activité principale de Noizi Ito, je repose donc le bouquin, tenté quand même par l'apparence extérieure mais déçu du contenu que je ne peux pas mettre sur mon étagère, parce que je n'approuve tout simplement pas.
Par la suite, chaque nouveau passage dans un magasin fut l'occasion d'être tenté, d'espérer que ces deux pages soient les seules de ce genre. Mais au final, j'y résistais, et je n'ai donc pas acheté cet artbook.

Nanatsuiro_drops.jpgJ'appris plus tard que le truc sur lequel était basé ce volume tentateur, Nanatsuiro Drops, était un visual novel hentai, et que donc les deux pages en question ne devaient pas être isolées. Sauf qu'il existe des versions soft de ce VN, et donc je ne sais toujours pas.
Et puis le temps passe, Axel monte le projet fou de rencontrer Noizi Ito, aidé par les contacts de ses contacts qui savent négocier des trucs de malade, nous tient régulièrement au courant, et on finit par y croire. Et quand ça arrive vraiment on est tout fou.
Tellement fou qu'on fait des trucs stupides.

Au milieu du déballage de joie qui a suivi sur haruhi.fr, on trouve un post de kohaku, qui liste les travaux de notre chère illustratrice. J'y apprend qu'il y a eu une adaptation animée de Nanatsuiro Drops, et que contre toute attente, celle-ci est tout public. La curiosité et l'envie qui me rongeaient depuis plus d'un an refont alors surface, et libéré de l'affreuse vision avec des trucs qui coulissent dans des petites filles trop jeunes pour que ce soit normal, je m'en vais donc jeter un œil à cet anime, histoire de voir sir le design de Noizi Ito fait toujours des merveilles.

Pour rappel, à ce moment là je ne sais toujours pas de quoi ça parle, et à la limite je m'en fiche un peu, je veux des persos avec un design de Noizi Ito, le reste m'est indifférent. Mais je vais quand même vous expliquer de quoi il s'agit, histoire que vous compreniez le ridicule de la situation.

De quoi qu'est-ce ?

Qu'il est beau mon titre

Ok, je suppose qu'avec un titre aussi coloré, vous captez que ça ne risque pas d'être du cyberpunk métaphilosophico-gore. Encore que, sait on jamais...
Nonon, vous l'avez deviné...

...Il s'agit d'un bon vieux Mahou Shoujou.

Et là votre esprit vif et éveillé (ouais je suppose que vous êtes intelligent, sympa non ?) remarque la chose suivante : "Mais dis, euh c'était pas un jeu H à la base ?".
Si si, en effet. Et c'est bien là ce qui fait toute l'ampleur du problème. Un mahou shoujo, à la base c'est quand même fait pour un public essentiellement composé de petites filles de 5 à 12 ans (bien qu'on peut voir plus large). Comment donc un jeu pour adulte peut-il être adapté en magical girl ? Se pourrait-il que cet anime fasse partie de la rare classe des mahou shoujo évolués, possédant une certaine richesse d'univers ou de scénario pouvant plaire aussi aux grandes personnes, comme c'est le cas par exemple pour Card Captor Sakura ?

Hé bien non...
Pas besoin de suspense je vous le dis tout de suite, l'anime Nanatsuiro Drops est un mahou shoujo standard de chez bateau

Contenu

Oh le joli dessin

L'histoire est la suivante : Masaharu Tsuwabuki, le héros, entre au club de jardinage de son lycée. (Lycée ? Mais tout à l'heure tu parlais de loli... -oui, lycée, la fourberie c'est que l'héroïne ressemble à une élève de sixième malgré son statut de lycéenne-). Il y rencontre Sumomo Akihime, la naine en question, et son amie Nadeshiko Yaeno. Le soir, par un accident malheureux, notre protagoniste va se voir transformé en petit mouton en peluche. Comme ça. Parce que.
Il sera réanimé par le prof en charge du club de jardinage, M. Kisaragi, qui va lui dire que pour retrouver son apparence, il va devoir collecter 7 gouttes d'étoiles. Et comme il ne peut pas le faire lui-même, il va devoir demander à une fille de s'en charger. Cette fille étant évidemment Akihime. Notre héroïne loli dégoulinante de moe va donc recevoir une bague magique, un grimoire et... une peluche mouton qui bouge et qui parle lui demandant de récupérer ces gouttes pour elle.
Tous les éléments caractéristiques sont là : le sceptre magique (fourni dans la bague), la mascotte kawaii, la meilleure amie dévouée (Yaeno), le mentor qui surveille dans l'ombre, la rivale qui vient défier l'héroine, etc... Et on suit les péripéties de notre gentille fifille qui vont la mener progressivement à tomber amoureuse du héros (qui redevient humain le jour, faut pas déconner non plus), qui évidemment garde son identité secrète. Le tout est extrêmement banal et peu élevé, et contient de la bonne vieille morale bien coulante. Pris comme mahou shoujo, ce n'est pas vraiment un mauvais anime, mais à moins d'avoir 8 ans ou d'être un otaku aux gouts douteux, il est difficile d'y trouver un réel intérêt.

Et le pire dans tout ça, c'est que mon accumulation de fanatisme précédemment citée m'a quand même fait regarder cette série en entier, juste pour le design des personnages. Chose d'autant plus déprimante que j'ai bien d'autres séries plus prioritaires à regarder. Heureusement 12 épisodes, ça passe vite.

La rivale sur son lampadaire

Oh, mais qui est donc ce mystérieux personnage perché sur... un lampadaire ?

Mahou Shoujo H

Ok, mais la question subsiste : comment un jeu hentai à la base, et donc destiné aux adultes, peut avoir un scénario et un background digne de Ojamajo DoReMi ? D'autres se sont posé des questions similaires avant moi, et ils ont conclu que c'était surement trop concept pour les occidentaux. Certes, mais quel est donc ce concept exactement ? Je n'ai pas joué au jeu, mais après avoir vu toute la série je pense avoir une vague idée.

Je fais tout avec ma poupéeImaginez que vous jouez à ce jeu. Vous êtes donc Tsuwabuki, le héros, qui le soir se transforme en Yuki-chan, le mouton, et file retrouver Akihime dans sa chambre pour partir à la recherche de ces fameux items qui lui rendront son apparence normale. Vous êtes une peluche, et la gentille fille vous trouve extrêmement mignon, et donc n'arrête pas de vous serrer dans ses bras. Mieux, vous êtes sa peluche. La pauvre fille ne se méfie donc pas de vous. Elle n'hésite pas, par exemple à prendre son bain tout en lavant sa peluche. Et si l'anime est plutôt sobre de ce côté là, il montre quand même cet aspect.

Voila, à mon avis, le concept tordu de cet eroge. Séduire le jour et espionner la nuit, en toute impunité, le tout dans un décor et une ambiance rose bonbon. Et voila, comment on peut faire un jeu H avec un scénario cucul la praline, mais le rendant encore plus tendancieux. Enfin si quelqu'un passe ici et a joué au jeu, il pourra toujours me dire que je me plante complètement.

Délicieuse sucrerie pour les uns, idée de mauvais goût pour les autres, pensez-en ce que vous voulez, ce n'est pas de mon ressort. En revanche, si l'on revient sur l'anime, on constate quand même que les types de Barcelona, le studio responsable de cette adaptation n'ont pas vraiment choisi leur camp.
Ils auraient pu en faire une vraie série pour enfant, en occultant toute trace de cet aspect un peu limite, et le diffuser à des heures où les bambins regardent leur poste de télé. Le fait que la petite Nanako, 7 ans, irait trouver sur le net des images de son héroïne préférée dans des position douteuses, avancé par FFenril, est un brin caduque vu que de toute façon, rule 34 aidant, cela pourrait arriver quelle que soit la série.
Ou alors ils auraient pu cibler à fond l'otaku moyen et lui servir sa dose d'ecchi hebdomadaire bien grasse et bien lourde. Pourtant ça n'est pas le cas, malgré quelques passages plus ou moins révélateurs, l'ensemble est d'une grande sobriété.

On se demande donc encore une fois qui peut bien être contenté par une telle série. Cet anime ne serait-il qu'une excuse pour balancer du fanservice aux fans inconditionnels du dessin de Noizi Ito (des types dans mon genre ) ? Possible...

Design, illustrations et crétinisme.

Nona Yuuki, la rivaleVous l'aurez sans doute remarqué, depuis le début de ce billet, je prend soin de mettre des images estampillés Noizi Ito, plutôt que des images de l'anime. Tout simplement parce que le design original du jeu claque bien plus que la copie pourtant fidèle qu'en a fait le studio Barcelona. Je vous bassine donc avec le fait d'avoir regardé un anime uniquement pour son design alors que je préfère les images originales. Ok, ce n'est pas très cohérent de ma part, mais pour moi le seul intérêt d'avoir regardé ce truc c'est bien de découvrir les personnages et leur design sans avoir à passer par la case H. Oui, je sais, c'est complètement tordu.

Et qu'ont-il de si spécial, ces personnages ? Eh bien pas grand chose. Mais force m'est de constater que le boulot de Noizi Ito m'éclate toujours autant les yeux, quel que soit le support et l'intérêt annexe d'une série. J'apprécie énormément le design d'à peu près tous les personnages, à l'exception de l'héroïne.
En particulier Nona Yuuki, sa rivale ; une autre magical girl avec des cheveux bleus (ou blonds quand elle est en service), un caractère de princesse tsundere (mais pas trop grave non plus), et possédant la voix et le rire de Tsuruya-san.

Le prof, les camarades de classes etc... tout ce petit monde possède une apparence fabuleuse malgré le fait que leur actions ou leurs caractères réels soient sans grand intérêt. L'hypothèse que cet anime ne serve qu'à nous montrer ça et rien d'autre n'est peut être pas si farfelue en fin de compte, sachant en plus que les illustrations sur les DVD sont faites par Noizi Ito elle-même.

Une joyeuse bande de camarades de classe

Néanmoins, en cherchant des images sur le net, on s'aperçoit qu'une bonne partie des personnages présents dans celles-ci ne sont tout simplement pas dans l'anime. Pourtant il y en a plein qui ont l'air prometteurs (si tant est qu'on puisse appeler prometteur un simple design avec rien derrière). On peut alors imaginer que le scénario soit à l'origine un peu plus complexe, et que donc c'est l'adaptation en anime qui foire le truc. Là encore je n'ai pas joué au jeu pour vérifier mes suppositions, et je ne compte pas le faire de toute façon. D'ailleurs si je ne m'abuse, personne ne s'est encore amusé à le traduire. Ça en devient lassant de se poser toutjous la même question, mais... Qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête des gens qui ont animé ça ?

Même avec toute la bonne volonté du monde, il est difficile de faire autrement que de constater l'affreuse réalité : Nanatsuiro Drops en anime est un bon gros navet bien niais. Et croyez-moi, en matière de navet, je sais de quoi je parle.

Seal of Quality

Maintenant comptez combien de fois j'ai écrit Noizi Ito dans cet article, et tirez vos propres conclusions. Si ce billet a éveillé votre intérêt, j'ai bien peur qu'il ne soit trop tard pour vous. Dans le cas contraire vous avez peut être encore un chance de vous en tirer, en courant très vite.

Et pour finir en beauté, quoi de mieux qu'un bon ending résumant l'ambiance de la série. Après tout je ne suis plus à ça près, mon amour propre étant maintenant bien en dessous du niveau de la mer...

Sur ce je vous laisse et je vais m'enterrer derrière le vieux chêne qu'il y a au fond de mon jardin.

Akohime_et_Yaeno.jpg