Planètes, Tranches de vies spatiales
Par Kabu le lundi 25 février 2008, 00:17 - Mangasse - Lien permanent
J'en ai lu, vu et entendu des critiques positives sur ce manga, et pourtant, il a fallu que ce soit Cauis qui ait la bonne idée de me l'offrir pour que je daigne enfin me plonger là dedans...
Je vais commencer par le subjectif, comme ça ce sera fait.
Le truc, c'est que étant gamin, j'étais passionné par l'aventure spatiale (je ne dois pas avoir été le seul d'ailleurs). Le premier Tintin que j'ai lu fut "On a marché sur la lune" (qui m'impressionne toujours compte tenu de l'époque à laquelle il est sorti), et c'est une des choses qui a du me faire commencer la BD, avec Gaston, dont je ne comprenais alors pas vraiment tous les enjeux.
Féru d'espace et fan d'exactitude, j'avais depuis longtemps abandonné l'idée de pouvoir trouver un manga qui soit à la fois intéressant et à peu près respectueux des "vraies" lois qui régissent l'espace. Les gravités artificielles dans tous les sens et les barrières magnétiques qui retiennent l'air, c'est pas franchement réaliste.
Pour Planètes, j'avais peut-être simplement peur d'être déçu...
Toujours est-il que c'est sans grandes attentes que je me suis lancé dans la lecture de cette œuvre... pour n'en ressortir que plus conquis.
Le truc auquel je ne croyais pas vraiment, et qui m'a donc agréablement surpris, c'est qu'on n'a pas à faire ici au récit d'aventures incroyables de héros super forts et transcendant le temps et l'espace.
Eh bien oui, en fait Planètes peut être qualifié de "tranche de vie". Ça parle de la vie "ordinaire" de cosmonautes ordinaires ayant des occupations somme toutes basiques (récupérer des débris spatiaux) dans un monde où aller dans l'espace est devenu, non pas vraiment commun, mais pas forcément enviable.
Exit donc les gens en combinaison orange moulante avec leur pistolaser kitchos, ici on ne fait que relater le quotidien d'éboueurs de l'espace. On partage leur rêves et leurs angoisses, le tout avec une précision et une documentation quasi-maniaque sur l'espace.
On ne peut pas dire que tout est parfaitement réaliste (je vous met au défi de trouver une œuvre de fiction, quelle qu'elle soit, qui le serait), mais s'il y a des incohérences, elles sont ici bien réduites. On sent que l'auteur maîtrise un minimum son sujet et ne l'utilise pas (comme c'est trop souvent le cas) comme un argument de vente parmi d'autres.
Le deuxième point fort, c'est la psychologie des personnages. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous dire quelle est la mieux développée de tout les temps (laissons ça à Honey & Clover et à son Takemoto juste époustouflant), mais elle a ceci de particulier d'être particulièrement cohérente, et de nous présenter une vision assez proche de ce qu'on peut s'imaginer, sans trop partir dans des délires paranoïaques liés au mal de l'espace. Bref, un truc équilibré et vraiment prenant, entre les gens au caractère bien trempé et les allumés complets. On s'y attache vite, et on fini par ne plus vouloir lâcher le bouquin.
Le défaut, c'est justement la faiblesse inérante à la plupart des tranches de vie : il n'y a pas vraiment de début, ni vraiment de fin dans ce type d'œuvre. Pour le début ce n'est pas un problème, mais pour la fin, on se dit que finalement, ce n'est pas une vraie conclusion. Lorsque l'histoire s'arrête, il reste encore tout à faire pour les personnages.
Cependant, l'évolution psychologique des personnages est elle très bien bouclée, et c'est en ce sens que le manga a une vraie fin. Au final, on s'aperçoit que cet aspect est plus important et prédomine par rapport au contexte spatial. Ce n'est pas un manga sur l'espace, c'est un manga sur les gens qui tentent d'y vivre, et tout compte fait, ça n'est pas plus mal.
Bref, un excellent seinen en 4 volumes, digne de figurer dans la bibliothèque de tout amateur de manga, fan d'espace ou non.
Commentaires
Planetes de la tranche de vie c'est un peu abusé, le quotidien du DS12 est loin d'être banal. Y a une vraie progression dans le récit et des enjeux loins d'êtres anodins. Y a des chapitres tranches de vie, mais c'est pas le coeur du manga.
Quand à la fin, bien au contraire elle conclut bien le manga. Hachi commence paumé comme pas possible et à la fin il a trouvé sa place. C'est plus où moins la même chose, à moindre échelle, pour Yuri (il a réussit à faire son deuil), Fee (se lacher ça fait du bien par moments) et Ai (elle attandra Hachi tout ce temps). On pourait encore raconter certes, mais Yukimura c'est arrété juste là où il falait, en 4 vols il a fait une oeuvre puissante et efficace continuer après ce point aurait pu égarer le récit.
Bah ce n'est pas non plus de la grande aventure. Pour moi c'est présenté de façon à ce qu'on suive le quotidien de gens dans l'espace. plutôt qu'une histoire réellement ficelée avec un récit complexe.
Il est certain que ce n'est pas que de la tranche de vie, et je n'aurais pas idée de le placer avec Hidamari Sketch, par exemple ; mais pour moi il y en a pas mal, et c'est ce qui fait tout le réalisme de Planètes.
Et je suis d'accord avec toi, ce manga n'aurait pas vraiment besoin de tomee supplémentaires pour bien se tenir.. Il n'empêche qu'une fois arrivé au bout, en temps que lecteur, bah j'aurais aimé en savoir d'avantage.
Aller sur une planete située entre 620 et 920 millions de km de la Terre est une grande aventure. Envoyer 12 hommes sur la Lune est sans doutes possible la plus grande chose jamais acomplie par l'Homme, alors Jupiter j'ose même pas imaginer ! C'est pas parceque on à Star Wars et GinEiDen qu'il faut être blasé devant ce qui racontre un vrai exploit.
Le tout est que Yukimura a préféré raconter ça du point de vue de ses personages plutôt que de l'Histoire avec un grand H. De nombreux évènements importants (le lancement de la mission pour citer le plus marquant) tombent dans les ellipses entres différents chapitres (maîtrisés avec brio). Planetes est une oeuvre extrèmement humaniste, pour te paraphraser je dirais que Planetes n'est pas un manga sur l'espace, c'est un manga sur l'Homme.
Que les faits soient en eux mêmes incroyables et grandioses, ok. Mais la chose n'est absolument pas présentée de manière épique. Mais tu as bien saisi que c'est ce que je voulais dire par "ce n'est pas de la grande aventure".
"Après Planètes, vous ne pourrez plus imaginer un cosmonaute autrement que comme l'a décrit Yukimura."